La vraie tristesse est la tristesse de séparation. On veut retourner à la Source, mais on ne sait pas comment. C’est comme une mémoire, un vague souvenir, on entend un appel et tout ce que l’on fait est alors en réponse à cet appel irrésistible. Le yoga de Sri Aurobindo peut être suivi par ceux qui ont tout vu, tout eu de la vie humaine. Comme si pour eux, l’aventure humaine est définitivement terminée. Ils peuvent se jeter dans l’aventure de l’avenir que nous pouvons vraiment appeler l’aventure de l’incarnation de l’Esprit dans la matière. C’est une aventure dans la joie de la découverte. On doit devenir silencieux,et apaiser les luttes intérieures, reconnaître l’ animal en soi même, et découvrir dans le cœur secret, le plexus solaire, la source de la beauté divine, joie, pureté, liberté. La Voix du guide, l’ami, du père, mère, maître semble d’abord venir de très loin, mais plus on est attentif, plus on aspire à l’écouter et lui obéir, plus elle devient claire, intime, proche, et on commence à percevoir la Personne, Il ou Elle qui parle… C’est l’Infini… l’Éternel qui nous attire, qui entre furtivement dans notre vie. Peu à peu, le contenu de l’Infini lui-même nous remplit… La paix, la joie, l’infini lui-même, sans barrières, sans limites de temps et d’espace… Le mortel découvre son immortalité dans l’Esprit. C’est le chemin que la Mère et le Sri Aurobindo ont tracé pour nous. Dans l’évolution terrestre, le temps est venu, le moment est propice. Après des millénaires de lutte, d’inquiétude et de recherches frénétiques, l’homme est sur le seuil d’une merveilleuse vie.
Les façons d’atteindre l’Infini sont infinies. Donnons nous avec la confiance d’un enfant à l’Éternel. L’Éternel qui s’incarne de temps en temps sur la scène terrestre. Donnons nous avec amour, à “Cela”, la Source, la Mère, notre vie sera alors accomplie. Le grand mystère pénétrera en nous et tout autour de nous nous sentirons ce mystère insondable mais si intime. Un simple collier de perles de plastique nous mettra en contact avec le merveilleux abîme du mystère, car lui aussi est l’incarnation momentanée de l’Éternel. “La Folie Divine” nous possédera.
Regardons autour de nous, rien n’était là, rien ne restera comme il est. Tout change, mais qui change ? Derrière tout se trouve le corps de l’Infini, l’Éternel, la conscience suprême, l’océan avec ses changements perpétuels, ses vagues bruyantes, lumineuses.
Une fois qu’on a senti l’Infini, sa Présence propice se chargera de nous et de notre avenir.
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Niranjan Guha Roy 1975