Dans un état de méditation, on a conscience que le Divin est en tout, au-delà de tout, mais dans un état de conscience normale,  la vision est beaucoup plus humaine . Toutes les difficultés se trouvent au niveau de la conscience physique. Le mental physique regarde avec les yeux d’un être humain ignorant et juge tout d’un point de vue humain ordinaire . Le  mental physique est bloqué par un couvercle si  épais  qu’ aucune lumière ne peut le pénétrer. Parfois  tout devient divin mais l’expérience ne dure pas longtemps. Quand on voit le Brahman en tout et partout on s’élève dans un monde où il n’y a plus aucun problème, un pays de rêves d’harmonie totale et de beauté où tout est vraiment divin éternellement. Le masque des formes se dissipe et on voit les acteurs dans leurs costumes déguisés pour le drame. C’est une perception si étrange et si peu familière pour la conscience humaine que le mental physique est incapable de l’accepter comme réel. La différence entre les deux états de conscience est si grande qu’il semble n’y avoir aucune connexion ou pont entre eux. Il n’y a aucune transition. Ces deux états peuvent s’ alterner pendant des années, parfois l’un devenant plus fort que l’autre.

Il y a aussi une autre grande difficulté. Quand on vit dans la conscience divine, on ne peut pas entièrement agir de la façon divine car le mental  physique des autres ne le comprendrait pas. Aussi, quand on vit dans la conscience physique, on ne peut pas agir de la façon divine car ce  serait une imitation, inefficace, non véritable. Avec l’apparition de l’être psychique, beaucoup de la violence et folie de la nature humaine non transformée pourrait être évitées, mais tant que la conscience physique n’est pas complètement transformée, il y a une nature double –  parfois divine, parfois non divine et même parfois antidivine.

Comme la conscience divine transforme la conscience physique, comme on acquiert de plus en plus la nature divine, on doit faire face à un nouveau problème. Comment vivre et agir dans un monde qui n’a pas conscience du Divin. À moins que l’on ne vive dans la conscience divine, on ne peut pas vraiment reconnaître une autre personne vivant dans la conscience divine. En général les hommes ne peuvent  tolérer personne qui vit dans une conscience plus haute. L’histoire est un témoin fidèle de cette attitude humaine tragique. Les Christs grands et petits ont été souvent brûlés et crucifiés dans tous les pays et dans tous les âges. La Terre n’est pas encore tout à fait une place sûre pour les êtres divins. On ne doit pas aller très loin. . La Mère a dû faire face jour après jour à notre ignorance appartenant à la conscience humaine ordinaire. Trop souvent ce qui était vraiment un geste suprême de Grâce,  était mal perçu et  mal compris par notre ignorance. Mais venu d’Elle, il y avait seulement une ondée d’amour divin et de bénédictions. L’être psychique est si facilement recouvert par la montée  de toute la saleté accumulée depuis des âges.  Si on vit dans la conscience divine même pour un instant, on prend conscience comme absurde et déformé, dangereusement perverti est le point de vue humain.

La Mère est un Soleil spirituel d’où s’écoulent constamment la lumière, le pouvoir d’ ananda, la paix et l’harmonie et la richesse de la conscience divine. Ce Soleil ne préfère personne, ne rejette personne, prodigue sa lumière également sur chacun. Le résultat dépend de notre réceptivité. Plus nous sommes réceptifs, plus nous allons vers l’unité, la lumière et l’immortalité et devenons des êtres spirituels. Son seul but  est de créer une race divine.

Nous pouvons vivre constamment dans la Présence du Divin, cela dépend  à quel point nous sommes prêts à renonce à notre ego et sa cécité incurable. Quand nous vivons dans la conscience divine, nous vivons dans un monde différent. Il n’y a plus aucun problème,  le Divin seul est réel.  C’est lui qui vit et agit dans des corps innombrables. C’est son jeu , sa manifestation, sa Lila mystérieuse insondable. Pour le Divin il n’y a ni naissance, ni mort, aucun départ ni arrivée. Un seul Être infini, incalculable ment nombreux, toujours en changement, déroulant à jamais son merveilleux contenu caché par éternité.

Quand le couvercle d’or du mental ignorant humain est enlevé, alors nous sommes admis dans cette Splendeur inexprimable.  Seulement la Mère Divine peut l’accomplir si notre aspiration est sincère et notre soumission parfaite.

Om  Sri  Aurobindo, Om Douce Mère.

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Niranjan Guha roy 1993