Nous pouvons constater clairement l’état triste et lamentable de la conscience de notre société aveuglément matérialiste. Rien ne compte que la recherche de l’argent, la concurrence meurtrière, les réclamations constantes. En somme, il n’y a nulle part la paix, l’harmonie, la générosité. Tout le monde est mécontent, la société souffre d’une folie qui donne des signes alarmants d’une catastrophe générale. C’est l’égoïsme à son comble. On est prêt à faire tous les compromis, à commettre toutes les tricheries pour gagner plus et plus. Cette maladie est comme la peste chez les petits et les grands.
Les relations entre les hommes sont éphémères, transitoires. Il n’y a plus d’amour, plus de fidélité, et l’oubli de soi est aussi rare que la lune bleue. Pourtant, personne n’est content, chacun souffre d’un ulcère qui le ronge. Je ne peux pas dire que j’ai rencontré beaucoup de gens heureux dans ma vie. Ils sont aussi rares que des roses dans le désert du Sahara. Les gens qu’on voit dans les journaux, à la télévision, qui rient, chantent et dansent sont-ils heureux? Leur bonheur est aussi évanescent que l’écume du champagne. Tout autour de nous, les querelles, la dépression, la rage, les batailles et pour couronner le tout, suicides et meurtres. Ce n’est pas un tableau très gai de notre société. Cela n’est guère réjouissant d’aucune manière.
Mais que faire ? Comment guérir cette société. C’est une crise dans la conscience de l’humanité dominée maintenant par les idées exclusivement matérialistes. Il y a une question qui se pose, est ce que l’humanité était mieux avant, dans les siècles passés ? La réponse est catégorique : non Les gens n’étaient pas mieux, le monde n’était pas mieux, mais au contraire, depuis, l’humanité a fait un immense progrès dans la conscience. Il y a une élite dans l’humanité, l’avant garde, les pionniers éclairés, conscients qui voient clairement la faiblesse et l’imperfection et la faillibilité de la race humaine. Ce n’est pas que nous sommes devenus plus méchants qu’auparavant mais nous sommes devenus plus conscients de notre nature inférieure ignorante, égocentrique.
Inconnus des hommes en général, deux grands Êtres, deux incarnations divines, Sri Aurobindo et la Mère sont venus pour créer une nouvelle race sur terre à partir de l’humanité actuelle. Ils ont amené une nouvelle force dans l’évolution terrestre, une lumière souveraine, une paix, une harmonie, un pouvoir irrésistible, invincible dans l’atmosphère terrestre. Ils ont travaillé toute leur vie pour établir cette conscience en eux même dans le corps humain, et ils ont démontré et élaboré une discipline spirituelle pour les âmes qui aspirent à la vie divine, qui ne veulent plus rester l’homme imparfait, ignorant, aveugle, souffrant. Ils ne sont plus dans leur corps, mais ils sont puissamment présents dans le domaine subtil, toujours accessibles aux vrais chercheurs de la vie divine. En résumé cette humanité actuelle est périmée et à partir de cette humanité sortiraient, émergeraient les âmes destinées, les enfants de lumière, de vérité, de félicité immortelle qui par leur développement spirituel, leur vaste connaissance, leur générosité sans borne universelle, amèneraient la paix et l’harmonie dans cette société en déchéance totale.
Dans la vision spirituelle, il n’y a que le Divin dans toute existence et au-delà. C’est le Divin qui se manifeste dans les êtres, les corps et les mondes incalculables. Dans le monde matériel, II se manifeste progressivement par la voie de l’évolution. Nous sommes tous les enfants du Divin, de la Mère Divine. Mais la plupart d’entre nous sont nés aveugles et restent aveugles toute la vie. Une petite minorité est née avec une nouvelle lumière dans leurs yeux qui voient le Divin partout, qui adorent le Divin partout dans tous les êtres, qui vivent pour le Divin et qui par leur consécration, par leur don de soi à la Mère Divine, au Seigneur Suprême deviendront des émetteurs de vibrations divines, rayonneront par leur présence, l’espoir sublime dans les cœurs et les âmes qui souffrent et aspirent à la délivrance.
Même pour ces enfants de lumière le chemin qui mène à la liberté, à l’émergence, à la lumière divine est long et difficile parce qu’ils sont venus dans un corps humain à moitié animal. Ils doivent vaincre, dominer, transformer l’animal et toute l’obscurité en eux-mêmes, devenir d’abord un centre de lumière, de paix et d’harmonie divine, alors seulement, le Divin se servira de ses enfants fidèles pour créer la vie divine sur terre.
II faut trouver nous-même le remède souverain – la conscience de vérité divine, la félicité immortelle. Le chemin est dur, très long parce que toutes les imperfections, les ordures, l’obscurité et la violence qu’on trouve au dehors dans le monde sont en nous-mêmes parce que nous sommes faits de la même substance. Notre corps n’est pas tombé du ciel. Il faut transformer ce corps terrestre en un Temple vivant de la Divinité suprême. Ce n’est pas un travail pour les grimpeurs qui s’évanouissent devant la grandeur des sommets de l’ Himalaya, ni pour les marins qui restent accrochés à la berge. Il faut avoir le courage d’affronter la nuit, l’ouragan et les vagues au large. Mais tout le monde n’est pas un héros. Si on veut se donner au Divin, on peut commencer par devenir un mousse. Mais il faut rester fidèle au Capitaine.
Chaque être est une image, une ébauche inachevée, imprécise, défigurée de la Divinité suprême, emprisonnée, engloutie dans la matière, dans un corps humain
Niranjan Guha Roy – 2001