La conscience humaine doit être sublimée, transformée et remplacée par la conscience spirituelle et divine. La souffrance est un attribut intrinsèque inséparable et substance même de la conscience humaine normale. C’est-à-dire que tant que nous sommes humains avec la conscience humaine, la souffrance est inévitable. Le vrai bonheur,l’ananda, est un attribut, un principe dynamique intrinsèque et substance de la conscience spirituelle divine. La joie inconditionnelle, pure, toujours présente, lumineuse est inhérente à la conscience spirituelle divine, sa substance même. C’est seulement par la découverte de la conscience divine et par l’union graduelle et progressive avec le Divin que nous devenons libres de la souffrance une fois pour toutes. La souffrance est le résultat inévitable et la conséquence de tous nos attributs humains inférieurs, des qualités et des actions et des mouvements non éclairés de la conscience mentale et vitale. Les désirs, la recherche et la satisfaction de plaisirs, l’avidité, la jalousie, l’ambition, la recherche du pouvoir, position et renom, le mensonge, l’affirmation de soi, la colère, la cruauté, la violence, tous ces éléments sont les attributs naturels de la conscience humaine et ils ne peuvent pas être éliminés ou supprimés, contrôlés par l’effort vital, mental seul. Par des pouvoirs spirituels et une conscience spirituelle élevée, ils peuvent être raffinés, contrôlés, mais pas éliminés. C’est seulement la grâce de la Mère Divine, la conscience supramentale divine qui a le pouvoir absolu de les transformer en sa propre substance de force, d’ananda, et unité inaliénable.
L’homme doit devenir divin pour être entièrement libre de la conscience mentale, vitale et de ses attributs naturels. Pour être entièrement divin, on doit diviniser non seulement son mental et son vital mais son corps aussi. Même si nous atteignons la paix spirituelle et des réalisations les plus hautes, notre corps reste sujet à la souffrance, la soif, la faim, la maladie, la décomposition et la mort. Nous pouvons trouver dans les Vedas de telles constatations. Ainsi, pour être vraiment heureux, nous devons avoir un corps libre de douleur, soif, faim, fatigue, maladie et dégénération et de la mort si possible, au moins, d’une mort accidentelle, imposée. La mort doit devenir un acte volontaire de l’âme, non imposée. C’est là que le yoga de la Mère et Sri Aurobindo diffère fondamentalement de la spiritualité traditionnelle en Inde et ailleurs. C’est parce qu’on n’a pas pu trouver une manière de diviniser le mental, le vital et surtout le corps que l’illusionnisme a été adopté, ce qui a complètement paralysé la vie et finalement tout effort spirituel.
Pour être vraiment heureux, nous devons avoir un corps divin, transformé radicalement en sa forme et fonction, en sa substance même et constitution. Quelques yogas ont essayé de réaliser l’immortalité physique. L’ Egypte antique a tenté de trouver le secret d’immortalité physique. En Grèce, il y avait une tentative de trouver la perfection physique, la beauté et l’harmonie. En Inde, Chine et au Japon, il y a eu les tentatives diverses de prolonger la vie du corps par des moyens physiques et spirituels, particulièrement en apportant un calme universel, tranquillité et paix dans le mental, le vital et le corps. L’homme rêve toujours d’un corps glorieux immortel mais nous constatons que dans toutes ces tentatives il n’y a aucune conception de transformer le corps et ses fonctionnements, mais seulement une tentative de prolonger la vie de ce corps tel qu’ il est, probablement avec un peu de raffinement dans ses actions, réactions et fonctions. La Mère et Sri Aurobindo nous disent que si nous pouvons être en contact avec la conscience divine au-delà du mental, la conscience de vérité supramentale et nous ouvrir à la Shakti divine supramentale, alors celle ci transformera graduellement notre mental, vital, et finalement notre corps en un mental divin, une vie divine et un corps divin. Puisque nous sommes des âmes incarnées, c’est-à-dire que notre âme, mental et vital sont exprimés et manifestés dans un corps, le corps lui-même est l’expression de l’âme, du mental et du vital dans l’évolution. Ainsi, si nous pouvons ouvrir le corps directement à l’influence et au pouvoir de la conscience divine, le corps sera nécessairement transformé quoique graduellement et extrêmement lentement par la descente de cette conscience plus élevée en lui. Le mental et les facultés vitales sont les attributs du corps présent et si la force de transformation de la Shakti divine entre dans le corps, ils seront aussi nécessairement transformés. Le mental et le vital dans l’homme étant plus proches de la substance subtile de la conscience divine peuvent subir une transformation relativement rapide. Le corps quoiqu’il soit plus réceptif a été construit sur une base si solide et stable, que la transformation peut prendre des siècles. Une fois commencé le processus ira au résultat final inévitablement, si c’est le destin de l’âme individuelle.
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Niranjan Guha Roy