O Mère qui ne pourra jamais sonder le mystère de Ton amour sans fond !
Si seulement l’aveugle et le boiteux, le mutilé et le profane
Percevaient la toute Puissance qu’ils abritent dans leur sein, tout changerait.
Le chien affamé pleurant sous la pluie est fait d’une substance immortelle.
Le buffle furieux martelant la chemin est le Seigneur Lui-même.
La princesse nubile songeant au réveil des sens
Cristallise pour un instant la richesse luxuriante de Ta transcendance.
La mort aussi est la taverne confortable de l’âme pour la nuit
Dans sa longue marche acharnée vers la vie immortelle.
Vu sous une lumière sereine,
Chaque visage est une image sculptée du Sans forme.
Dans le cœur des rochers une joie de feu est gravée,
La compassion anime le destin cruel.
Une poignée de terre devient le cœur palpitant de la Toute Beauté.
Une perle de verre, une écorce d’orange révèlent « Cela » qui n’a pas de nom.
Des yeux transparents racontent les histoires épiques de conquêtes
Avec Dieu pour seul témoin.
Inconnu des hommes, l’Esprit en eux aspire et communie avec la Réalité.
L’âme la plus humble y séjourne chaque nuit
Au-delà des rives mystiques scellées par un sommeil profond.
L’extase assourdie de la vie dans le porphyre
La gamme des passions dans le mimosa,
L’aisance des mouvements et l’exubérance irréfléchie dans le faon,
La majesté du cygne, un élan et une harmonie qui soudain élèvent l’âme,
Marquent les premières tentatives de Ton assaut
Sur les sommets pas encore conquis.
Parfois doux et tendre, parfois inflexible et tyrannique
Tu changes de technique selon la nature de Ton sujet.
Les voiles résistant aux vents forts de Ta Grâce
Conduisent le navire à sa destination par des moyens contraires.
Le baptême du feu purifie le minerai, transmue le sordide en sublime.
Faible avec le fragile, subtil avec le rusé, comédien avec le fou,
Amant avec l’aimé, maître avec le serviteur, enseignant avec le disciple
Kali pour les forts, Krishna avec Tes compagnons, Mère avec Tes enfants
Tu serres chacun sur Ton sein dans les chemins qui semblent diverger.
Si un lotus a pu apparaître dans un coin de cet univers sans vie,
Ne t’étonne pas, O âme,
Si une nouvelle race devait posséder la terre.
Avec la Mère comme Leader
L’impossible devient inévitable
Par le miracle d’un Amour infini.
**************
Niranjan Guha Roy